Un pan de l’histoire de la production d’électricité : le passé industriel aux chutes de la Chaudière

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Un pan de l’histoire de la production d’électricité : le passé industriel aux chutes de la Chaudière

John Rudolphus Booth est l’un des hommes qui ont été à l’avant-garde de l’essor de l’industrie du bois d’œuvre à Ottawa. Ce magnat canadien du bois d’œuvre et baron du chemin de fer était parfois surnommé le « Carnegie de la Chaudière » en raison de ses activités industrielles en pleine expansion dans la région. Après avoir d’abord ouvert une usine de bardeaux de bois prospère, M. Booth amasse assez d’argent pour louer et plus tard acheter une petite scierie à Hull, près des chutes de la Chaudière.

Painting of John R. Booth, circa 1900. Photo credit: John Wycliffe Lowes Forster, Library and Archives Canada.
Painting of John R. Booth, circa 1900. Photo credit: John Wycliffe Lowes Forster, Library and Archives Canada.

Le passé industriel d’Ottawa occupe une place importante aux chutes de la Chaudière tant du côté d’Ottawa que de celui de Hull. L’industrie forestière florissante dans la vallée de l’Outaouais contrebalance le déclin du commerce des fourrures le long de la rivière. Divers événements survenus sur la scène mondiale éliminent rapidement toute concurrence pour l’approvisionnement de la Grande-Bretagne en bois équarri, si bien que le bois d’œuvre de la vallée est très recherché. Les nombreuses guerres auxquelles participe la Grande-Bretagne au cours de cette période ont une incidence directe sur ses activités commerciales. La guerre de l’Indépendance américaine, puis la longue guerre avec la France la privent de son approvisionnement en bois d’œuvre assuré par la Nouvelle-Angleterre. Les Britanniques s’en remettaient traditionnellement au commerce avec la région de la Baltique, en Europe, mais Napoléon impose un blocus économique limitant grandement le commerce du bois d’œuvre entre cette région et la Grande-Bretagne. Les Britanniques doivent alors se résoudre à trouver une source de remplacement pour le bois d’œuvre. Or, non seulement la vallée de l’Outaouais compte d’immenses forêts de pins blancs, mais aussi elle offre l’avantage d’être accessible par le fleuve Saint-Laurent.

 

J.R. Booth s’adapte rapidement à l’évolution des demandes du marché. En raison de l’épuisement croissant des ressources forestières de la Nouvelle-Angleterre, les demandes de bois sur le marché américain commencent à entrer en concurrence avec les besoins des Britanniques. Comme les Américains veulent surtout du bois de sciage, le marché du bois équarri le long de la rivière commence à diminuer. La production de bois équarri constitue une activité d’envergure relativement restreinte, tandis que celle de bois de sciage nécessite l’aménagement de scieries. J.R. Booth crée alors sa propre entreprise de bois d’œuvre, qui approvisionne le marché américain. En 1859, il obtient le contrat pour fournir le bois d’œuvre destiné aux nouveaux édifices du Parlement. Sa scierie continue de prendre de l’expansion et ne tarde pas à devenir la plus grande du genre dans le monde.

 

Entre 1878 et 1892, M. Booth construit à l’extrémité nord-ouest de l’île Chaudière deux bâtiments de pierres qui existent encore aujourd’hui. Ces bâtiments de deux étages en pierres calcaires seront affectés à divers usages au fil des ans. Celui qui se trouve le plus à l’ouest, la centrale no 3, sert à l’origine d’atelier d’usinage. Il est transformé en usine de pâtes à papier après le grand incendie de 1900, puis en centrale hydroélectrique. L’autre bâtiment, situé à côté de la centrale, est parfois appelé « atelier du menuisier » ou « manufacture de boîtes » – deux appellations qui reflètent ses usages et sa longue histoire. À l’origine, le bâtiment de la manufacture de boîtes devait servir de centrale et produire de l’électricité afin d’éclairer le site la nuit et d’alimenter l’usine de carton voisine. Ce bâtiment est par la suite réaffecté à des usages variés à de nombreuses reprises, notamment comme atelier de menuisier, usine de bardeaux de bois, de palettes et de plateformes et, bien entendu, manufacture de boîtes.

Undated photo of Chaudière Falls with the Booth buildings seen on the right.
Undated photo of Chaudière Falls with the Booth buildings seen on the right.

J.R. Booth tire parti des avancées technologiques pour augmenter et accélérer la production afin de faire face à la hausse de la demande. Les usines commencent à avoir recours à des innovations dans les machines à vapeur et les roues hydrauliques, ce qui ouvre la voie à la production d’électricité. La production dans la région d’Ottawa monte ensuite en flèche : de l’ordre de 20 à 25 millions de pieds-planche en 1858, elle atteint entre 236 et 260 millions dès 1871.

 

Au début du XXe siècle, les scieries commencent à se déplacer vers le nord en raison de la déforestation des secteurs sud. Ce déplacement et le grand incendie entraînent un changement au sein de l’industrie dans la région d’Ottawa. Les barons de l’industrie du bois d’œuvre, J.R. Booth et E.B. Eddy, reconstruisent leurs usines en passant de la production de bois d’œuvre à celle de pâtes et papiers. Cette transition marque le début d’une nouvelle ère industrielle dans l’île Chaudière. La production de pâtes et papiers demeure un secteur d’activité rentable tout au long du XXe siècle. La E.B. Eddy Company acquiert en 1946 les bâtiments de J.R. Booth, qu’elle vend tous à Domtar en 1998. Hydro Ottawa en fait l’acquisition, avec d’autres actifs, auprès de Domtar en 2012. L’entreprise étudie actuellement les mesures à prendre pour préserver et réaffecter ces ouvrages historiques.

Two of a handful of buildings to survive the Great Fire of 1900, they were part of J.R. Booth’s lumber empire. These lumber barons fueled the prosperity and growth of Ottawa.
Two of a handful of buildings to survive the Great Fire of 1900, they were part of J.R. Booth’s lumber empire. These lumber barons fueled the prosperity and growth of Ottawa.